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Entretien

Mélanie Plouviez : «La transmission de l’héritage à ses enfants ne va pas de soi, contrairement à ce que tout le monde pense»

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La philosophe réarme nos pensées de la transmission du patrimoine en plongeant dans les idées prolifiques des penseurs du XIXe siècle. Alors que les inégalités patrimoniales explosent depuis les années 1970, récupérer et redistribuer cette manne financière permettrait de les réduire.
Emile Durkheim (1858-1917), considéré comme le père de la sociologie moderne, va même jusqu’à déceler dans l’héritage une survivance de formes anciennes de communisme familial. (Anne Simon /Libération)
publié le 5 avril 2025 à 5h40

Ils feraient passer les plus à gauche de notre siècle pour des centristes bon teint. Au XIXe siècle, intellectuels et politiques planchent sur la transmission du patrimoine et imaginent des scénarios beaucoup plus inventifs que l’héritage parents-enfants. Les philosophes Auguste Comte (1798-1857), Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), Saint-Simon (1760-1825), le socialiste Jean Jaurès (1859-1914) ou encore le fondateur de la sociologie française Emile Durkheim (1858-1917) ont des visions beaucoup plus radicales qu’aujourd’hui. Jean-Luc Mélenchon proposait lors de l’élection présidentielle de 2022 de «tout prendre» au-dessus de 12 millions d’euros de patrimoine. Petit joueur par rapport à l’économiste social-libéral John Stuart Mill (1806-1873), qui proposait de placer ce seuil juste au niveau de l’«indépendance confortable» assurée à ses enfants. Bien loin des 12 millions d’euros, donc.

«Plus ou moins d’impôt ?» est la seule question que nous sommes capables de poser à notre époque, déplore Mélanie Plouviez, maîtresse de conférences à l’université Côte d’Azur en philosophie sociale et politique. Cette pauvreté des débats repose, en grande partie, sur une détestation de l’impôt sur l’héritage :