Ils feraient passer les plus à gauche de notre siècle pour des centristes bon teint. Au XIXe siècle, intellectuels et politiques planchent sur la transmission du patrimoine et imaginent des scénarios beaucoup plus inventifs que l’héritage parents-enfants. Les philosophes Auguste Comte (1798-1857), Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), Saint-Simon (1760-1825), le socialiste Jean Jaurès (1859-1914) ou encore le fondateur de la sociologie française Emile Durkheim (1858-1917) ont des visions beaucoup plus radicales qu’aujourd’hui. Jean-Luc Mélenchon proposait lors de l’élection présidentielle de 2022 de «tout prendre» au-dessus de 12 millions d’euros de patrimoine. Petit joueur par rapport à l’économiste social-libéral John Stuart Mill (1806-1873), qui proposait de placer ce seuil juste au niveau de l’«indépendance confortable» assurée à ses enfants. Bien loin des 12 millions d’euros, donc.
«Plus ou moins d’impôt ?» est la seule question que nous sommes capables de poser à notre époque, déplore Mélanie Plouviez, maîtresse de conférences à l’université Côte d’Azur en philosophie sociale et politique. Cette pauvreté des débats repose, en grande partie, sur une détestation de l’impôt sur l’héritage :