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Interview

Michel Feher : «La dénonciation de “parasites” permet au RN de se placer comme un parti du centre»

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Pour le philosophe et auteur de «Producteurs et parasites», l’argumentaire du parti d’extrême droite se base sur une opposition entre des honnêtes travailleurs et des profiteurs dépendants et oisifs.
Marine Le Pen à Paris, le 7 juillet, lors du deuxième tour des élections législatives. (Denis Allard/Libération)
par Noé Megel
publié le 11 septembre 2024 à 7h34

Qui sont les «parasites» ? Comme dans le film du Sud-Coréen Bong Joon-ho, palme d’or du Festival de Cannes en 2019, la classe politique française se divise sur la réponse. A droite, on dénonce un assistanat, «cancer de la société» en 2011 pour Laurent Wauquiez, voire «incompatible» avec la République pour Nicolas Sarkozy. De l’autre côté du spectre, Nicolas Framont, sociologue et rédacteur en chef de Frustration magazine, affirme que «les vrais parasites sont situés au sommet du système, c’est la classe bourgeoise».

Dans son essai Producteurs et Parasites, qui vient de sortir aux éditions la Découverte, le philosophe belge Michel Feher revient sur la généalogie de cette notion.

Vous décrivez dans votre livre une nouvelle lutte des classes, entre producteurs et parasites. De quoi s’agit-il ?

Mon hypothèse est que le parti lepéniste se base sur un imaginaire «producériste». Cette notion, qui nous vient de la littérature académique anglophone, propose une autre lutte des classes entre producteurs et parasites, entre des gens qui travaillent, produisent des choses utiles et n’aspirent qu’à vivre du produit de leurs efforts et ceux qui prospèrent en accaparant le fruit du labeur des premiers.

Il y a deux types de parasites, ceux d’en haut et ceux d’en bas. Ce que l’on met derrière les uns et les autres change avec les époques et les positions politiques, mais les parasites du haut sont souvent dans la circulation du capital financier et ceux