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Entretien

Mineurs exclus de l’aide à mourir : «Nous ne sommes pas gouvernés par des gens courageux»

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Fin de viedossier
Stéphane Velut, chef du service de neurochirurgie du CHU de Tours déplore un projet de loi trop restrictif, qui ne permettra pas de répondre à tous les cas, notamment, celui des personnes mineures souffrant de maladies incurables.
Ici, dans l'unité de soins palliatifs de l'hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne). (Olivier Coulange/VU)
publié le 12 mars 2024 à 17h51

Dans son livre la Mort hors la loi («Tracts», numéro 31, Gallimard, 2021), le chef du service de neurochirurgie du CHU de Tours se dit «hanté» par des patients en souffrance incurable. C’est le cas de Déborah, 6 ans, atteinte d’une tumeur sans espoir de guérison, qui la fait terriblement souffrir – et de sa mère, qui la veille jour et nuit. L’équipe médicale débat. «On sait tous qu’on ne peut faire que ça : quelque chose qui l’endorme et finalement la tue. Mais qui ? Qui est prêt à faire ça […]. Nous sommes en 1982, sur ça, il n’y a pas de loi, écrit Stéphane Velut. Pour la première fois, rien de ce qu’on m’avait appris […] ne me parut plus dérisoire, rien de mes fragiles connaissances théoriques ne me parut plus inutile.»

Profondément marqué par des cas comme celui de cette enfant, le neurochirurgien estime que l’annonce par Emmanuel Macron d’un projet de loi pour une «aide à mourir», qui exclut les personnes mineures, contrevient à la Déclaration des droits de l’homme. Le texte sera présenté en première lecture à l’Assemblée nationale au mois de mai.

Emmanuel Macron estime que l’aide à mourir, c’est «choisir le moindre mal quand la mort est déjà là». Cette définition vous semble-t-elle correcte ?

Par le choix de ces mots, le Président ménage les sensibilités religieuses et spirituelles qui voient, dans l’acte d’abréger la vie, un mal. Or, aider à mourir un être humain soumis à certaines situations tragiques est, a