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TRIBUNE

Minorer les compétences des sages-femmes, c’est mener une bataille idéologique contre l’IVG

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Alors que le projet de loi sur l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution sera débattu au Sénat mercredi 28 février, cinq structures demandent l’annulation d’un décret qui complique les IVG instrumentales par des sages-femmes.
Le décret impose, pour que les sages-femmes puissent pratiquer des IVG instrumentales, la présence de trois médecins sur site et d’une équipe pouvant intervenir dans les meilleurs délais. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
par Collectif Avortement en Europe, Les femmes décident
publié le 27 février 2024 à 9h42

Le droit à l’avortement doit être protégé. Le droit à l’avortement doit être inscrit dans la Constitution et ce, de façon réellement protectrice. Mais protéger l’avortement, c’est aussi faire en sorte que les femmes puissent effectivement en bénéficier.

Or avorter peut être un parcours de la combattante, notamment faute de médecins pratiquant des IVG et faute de centres d’interruptions volontaires de grossesse, puisque beaucoup ont disparu avec les fermetures de maternités de proximité.

La loi Gaillot, promulguée en mars 2022, a non seulement permis de prolonger de deux semaines les délais pour avorter mais elle a aussi autorisé les sages-femmes à pratiquer des IVG dites instrumentales en établissement de santé, c’est-à-dire par aspiration, et ce afin d’augmenter l’offre de soins sur le territoire. C’est clairement l’inspiration et l’esprit de la loi. Les sages-femmes pratiquent des IVG dites médicamenteuses depuis 2016.

Deux poids, deux mesures

Il fallait cependant attendre un décret d’application. Celui-ci est paru le 16 décembre 2023, presque deux ans après la loi ! Et quel ne furent pas notre consternation et colère à ce moment-là ! Bien que les sages-femmes soient des professionnelles médicales, autonomes dans l’exercice de leur activité, le décret impose pour qu’elles puissent pratiquer des IVG instrumentales