Menu
Libération
Recension

Mon père, ce Waffen SS : une enquête intime et historique de Philippe Douroux

Article réservé aux abonnés
A partir de son histoire personnelle, l’ancien journaliste à «Libé» dévoile dans «Un père ordinaire» le rôle de la légion des volontaires français qui s’est engagée auprès de l’armée allemande et a participé à des massacres pendant la Seconde Guerre mondiale.
La légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) lors d'une cérémonie à Nancy en 1943 avant leur départ. De gauche à droite : Alfred Douroux, Roger Bédiar et Raoul Ginot. (LAPI. Roger-Viollet)
publié le 8 mars 2025 à 15h22

Un dimanche soir du printemps 1972, Alfred Douroux rassemble son épouse et ses enfants dans le salon familial : «J’ai à vous parler…» Philippe a 17 ans lorsque son père confesse un secret longtemps tu : «Pendant la Seconde Guerre mondiale, j’ai combattu aux côtés des Allemands…» Dans le silence, il ajoute : «Pas de question…», comme pour refermer la discussion à peine entamée. Des questions, Philippe Douroux s’en posera sans jamais avoir de réponses de la part de ce père qui se cloîtrera dans des dénégations le restant de ses jours. Elles ne cesseront d’habiter l’adolescent qui deviendra journaliste, époux, père de famille : «Qu’a-t-il fait, exactement ?» ; «A-t-il tué, des Juifs notamment ?» ; «Pourquoi ?».

C’est en 2018, après son départ de Libération, que le journaliste, déjà auteur d’une biographie du mathématicien Alexandre Grothendieck, entame ses recherches sur l’engagement de «Freddy» – le surnom de celui qu’il n’arrive pas à nommer «papa» – auprès des troupes nazies. Il en tire Un père ordinaire. Sur les traces d’Alfred Douroux, de la LVF et de la Waffen-SS (Flammarion, préfacé par l’historien Johann Chapoutot), une enquête historique au long cours, mêlant récit personnel et travail de mémoire familiale, sur les membres de la légion des volontaires français contre le bolchevis