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C’est un sentiment contradictoire, violent, persistant qui, comme une maladie auto-immune, s’attaque à nous-mêmes et nous ronge de l’intérieur. Qui n’a pas culpabilisé à l’idée d’en faire trop ou pas assez, de prendre des vacances alors que tout le monde a repris le chemin de l’école, d’avoir oublié l’anniversaire de sa mère ou de son meilleur ami, de délaisser ses enfants ou de trop les accabler ? L’entreprise de culpabilisation s’infiltre dès le plus jeune âge – «Redonne le jouet à ton petit copain, sinon, tu vas le rendre triste» –, elle ne cesse de se répandre selon les injonctions de la morale ( «Qui aime bien, châtie bien»), de la religion (Eve ou le dénigrement du féminin), du culte du travail (on se réalise dans la douleur du labeur).
C’est sur «ces empêchements d’exister» que l’essayiste féministe à succès Mona Chollet consacre son dernier livre Résister à la culpabilisation (La Découverte, 2024). Elle évoque particulièrement cet «ennemi intérieur» qui sabote