Menu
Libération
Disparition

Mort de Jean-Pierre Thorn, docu-passeur des luttes et des lumières des quartiers populaires

Article réservé aux abonnés
Le cinéaste, marqué par Mai 68, a passé sa vie à filmer les usines, les ouvriers, les silencieux, les immigrés et leurs enfants. Il s’est éteint ce samedi, à 78 ans.
Jean-Pierre Thorn, à Paris, en 2007. (Jean-Michel Delage/Hans Lucas)
publié le 9 juillet 2025 à 10h50

Le cinéaste laisse du monde derrière lui : des images, des luttes et des potes. Jean-Pierre est mort à 78 ans. Il a passé sa vie à filmer les usines, les ouvriers, les silencieux, les immigrés et leurs gamins. Il s’est éteint le 5 juillet. Jean-Pierre Thorn, qui a lutté pour une meilleure diffusion du cinéma indépendant, était du genre à regarder de travers les «bourgeois». Au téléphone, la réalisatrice Alice Diop : «On perd quelqu’un qui n’avait pas la reconnaissance qu’il mérite, non pas un cinéaste militant mais un cinéaste engagé au parcours, à l’œuvre et aux convictions d’une cohérence rare. Nous allons œuvrer pour veiller sur son œuvre et sa mémoire. C’est une histoire populaire du XXe siècle que son œuvre raconte.»

Jean-Pierre Thorn est né un jour de janvier 1947 à Paris. Son père turbinait à Air France comme cadre technique et sa mère était assistante sociale. Les parents et leurs trois gamines ont bourlingué en Afrique (Côte-d’Ivoire, Cameroun, Algérie) et en France. Jean-Pierre Thorn étudie les lettres et les sciences humaines à Paris. Sa carrière dans le milieu artistique débute par des mises en scène théâtrales, mais sa vie bascule une première fois en Mai 68. Le fougueux s’engage dans les états généraux du cinéma français ; s’incruste dans les usines de Renault Flins avec une caméra pour en faire un documentaire, Oser lutter, oser vaincre.

«La question sociale était pour lui centrale»

Tout bascule après la révolution. Jean-Pierre Thorn tire un trait sur l’image. Il devient ouvrier