Comme les sociologues font de leur discipline «un sport de combat», Laurent Bouvet pratiquait la laïcité au corps-à-corps. Longtemps proche du Parti socialiste (PS), puis des réseaux macronistes, ceux de Jean-Michel Blanquer notamment, l’universitaire, cofondateur du Printemps républicain et auteur d’essais sur le communautarisme ou la question laïque, a passé sa vie à la croisée du monde intellectuel et du militantisme. Il est décédé ce samedi 18 décembre des suites d’une maladie neurodégénérative, la SLA, communément appelée maladie de Charcot, à l’âge de 53 ans.
Né en 1968 dans une famille modeste et ayant grandi en banlieue parisienne, Bouvet popularise en 2015 la notion d’«insécurité culturelle», titre de l’un de ses ouvrages. Le concept, repris par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle de 2017, vise à rendre compte d’un certain «malaise français» ressenti dans une population touchée par les difficultés économiques mais aussi inquiète sur sa propre identité face aux conséquences de la mondialisation et de l’immigration. L’expression fait mouche en même temps qu’elle divise la gauche. Il est reproché à l’essayiste de participer à une forme de «lepénisation des esprits». En réponse, Bouvet accuse ses contempteurs de «mettre» les angoisses identitaires «sous le tapis».
Son portrait dans «Libération» en octobre 2019
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