«C’est trop ridicule pour être pris au sérieux et trop sérieux pour être tourné en ridicule.» La formule est signée Philip Roth, dans Opération Shylock, et il n’est pas difficile de saisir pourquoi Naomi Klein a pu en faire une devise. Avec les cyniques bouffons qui gagnent du terrain partout dans le monde et font dévier les débats politiques vers des sujets toujours plus stupides et polarisants, l’air du temps a de plus en plus l’air d’une glaçante tragicomédie. La Canadienne, dont chacun des best-sellers a orienté d’une façon ou d’une autre la vie des idées les deux décennies passées, l’a dénichée dans le grand roman de Roth sur Israël, alors qu’elle tentait de déchiffrer le pourquoi du comment d’une étrange histoire dont elle s’est retrouvée être le sujet. Une histoire qui a débuté en 2011, un jour où Klein participait à une grande marche de Occupy Wall Street à New York.
Pour la première fois, l’essayiste star de la gauche nord-américaine se rendait compte dans quelles proportions on la confondait avec une autrice d’un tout autre genre, l’Américaine