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Libération
«Main invisible»

Naomi Oreskes : «Alors que les Américains étaient pro-Etat, les “fondamentalistes de marché” se sont battus pour imposer leurs idées»

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Dans un dernier ouvrage, coécrit avec Erik M. Convay, l’historienne américaine des sciences démystifie les vertus de la «main invisible» censée réguler le marché. Cette croyance, qui a fait florès aux Etats-Unis, continue de s’imposer comme une unique vérité au détriment du rôle régulateur de l’Etat .
Le «fondamentalisme de marché», c’est la croyance dans le pouvoir, la sagesse et l’efficacité de la «main invisible» décrite par Adam Smith (1723-1790). (Quentin Faucompré/Liberation)
publié le 15 mars 2024 à 17h54

Les normes, mères de tous nos maux ? En tout cas, avant même la mobilisation des agriculteurs et l’abandon de l’indicateur Nodu (pour «nombres de doses unité»), qui mesure l’usage des pesticides en France, Emmanuel Macron appelait le 16 janvier à «supprimer des normes» et toutes ces règles qui «découragent les entrepreneurs, les industriels, les commerçants». A en croire le Président, tout irait mieux avec moins de réglementations… et peut-être moins d’Etat, puisque celui-ci doit couper des milliards d’euros dans son budget en 2024 et dans les années à venir.

Naomi Oreskes soutient l’inverse. Après les Marchands de doute – où elle montrait comment des industriels et des scientifiques s’étaient entendus pour saper la crédibilité des travaux sur la dangerosité du tabac ou le dérèglement climatique – cette historienne des sciences s’intéresse dans son nouveau livre