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Essai

Non, ce n’était pas mieux pendant les Trente Glorieuses

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Egalité entre les sexes, consommation, travail… Le politologue Vincent Martigny publie un livre collectif qui explore cette mythologie et invite à s’en émanciper.
En 1963, lors de l'inauguration du premier supermarché Carrefour, à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). (AFP)
publié le 30 janvier 2025 à 7h34

C’est ainsi, les Français adorent grommeler «c’était mieux avant». «Avant» comme les Trente Glorieuses, cette période de forte croissance économique située entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le premier choc pétrolier. Tout était si simple et si facile, grognent-ils dans leur morosité ambiante. On ne pouvait pas avorter légalement, mais on fumait dans les cafés, les trains et les avions. Ah, le bon vieux temps. Quand tout était permis (ou presque), quand on ne nous rebattait pas les oreilles avec le réchauffement climatique et les VSS (pour violences sexistes et sexuelles). C’était tellement mieux sous Pompidou.

Le politologue Vincent Martigny en a eu assez de cette antienne. Alors, il a rassemblé dans un livre une douzaine d’auteurs d’horizons divers pour expliquer que non, ce n’était pas mieux dans les années 1950, 1960, 1970. On retrouve ainsi dans les Temps nouveaux : en finir avec la nostalgie des Trente Glorieuses (Seuil), qui n’est pas un «pamphlet antiboomers», précise le coordinateur en chef, des personnalités comme l’ancien patron de la CFDT Laurent Berger, la journaliste Maïa Mazaurette, l’historienne Michelle Perrot ou encore l’historien de l’art Thomas Schlesser. Tous interrogent des schémas de pensée hérités d’après guerre et qui demeurent tenaces. Bien que ces derniers soient obsolètes pour penser le monde en 20