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TRIBUNE

Non, Marine Le Pen, les «coups d’Etat administratifs» n’existent pas

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L’affirmation de la députée RN selon laquelle Emmanuel Macron ourdirait un vaste mouvement de nominations dans la haute fonction publique révèle surtout sa grande méconnaissance du fonctionnement de l’Etat et des usages en vigueur, selon le politiste Gildas Tanguy.
Marine Le Pen sur TF1, le 10 juin. (Julien de Rosa/AFP)
par Gildas Tanguy, politiste
publié le 5 juillet 2024 à 14h19

Lors d’une interview sur France Inter le mardi 2 juillet, Marine Le Pen – évoquant par ailleurs des rumeurs – a dénoncé la préparation supposée «d’un coup d’Etat administratif» de la part de l’exécutif. Elle prétend ainsi que le président de la République et, plus largement l’exécutif, ourdiraient un vaste mouvement de nominations dans la haute fonction publique dans les jours qui précéderaient ou qui suivraient immédiatement le second tour des élections législatives. Si chacun voit que la notion de coup d’Etat est reprise à dessein dans une tentative de renversement du stigmate (sous-entendu, «nous sommes le parti du jeu normal de la démocratie représentative alors que la macronie serait celui de l’abus de pouvoir»), son usage dans un moment de très grande tension politique ne peut que nous interpeller.

Outre qu’elle accrédite et reproduit une vision nauséeuse de l’agir politique en entretenant l’imaginaire complotiste récurrent des partis populistes – imaginaire d’un soi-disant «Etat profond» qui dénaturerait ou contrecarrerait par son action anticipée le résultat possible ou attendu du suffrage universel –, la déclaration de Marine Le Pen révèle surtout sa grande méconnaissance du fonctionnement de l’Etat et des usages en vigueur quant aux nominations dans la haute fonction publique française, lesquelles sont le fruit de notre longue histoire administrative.

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