Au second tour des législatives, plus de 10 millions d’électeurs ont voté pour le bloc d’extrême droite et plus de 7 millions pour la gauche unie. Nonna Mayer, spécialiste de sociologie électorale, décrit un succès historique sans précédent pour le Rassemblement national, mais qui doit être tempéré sur plusieurs points. La directrice de recherches émérite au CNRS, qui a notamment codirigé les Faux-Semblants du Front national : sociologie d’un parti politique (Presses de Sciences-Po, 2015), prévient : «Face à un parti comme le RN, surtout pas d’indignation morale. Nous, notre force, c’est de mobiliser les faits.»
Malgré son pari perdu en nombre de sièges à l’Assemblée nationale, pourquoi ces élections demeurent-elles un succès pour le RN ?
C’est le meilleur score jamais atteint par le RN au second tour d’élections législatives : plus de 37 % des suffrages exprimés si l’on compte ses alliés de droite. Malgré des taux de participation très élevés, il a continué sa progression après les européennes (+ 7 points). Le faible nombre de sièges obtenu est lié à la logique du scrutin législatif, à la diversité des circonscriptions, et au front républicain. L’initiative d’Emmanuel Macron de dissoudre