«Tu vas à l’AG toi ? Ou on se retrouve direct pour le porte-à-porte ?» C’est l’entre-deux-tours de législatives anticipées que personne n’avait vu venir, pas même les 900 chercheurs en sciences politiques qui se bousculent sur le domaine universitaire de Grenoble, pour le 17e congrès de l’Association française de science politique (AFSP). Du 2 au 4 juillet, ils avaient rendez-vous dans la capitale des Alpes pour se retrouver entre pairs et présenter leurs travaux.

A l’annonce de la dissolution, beaucoup ont d’abord pensé annuler leur venue, comme la chercheuse au CNRS Julie Pagis. «Lundi soir, dans le train, je n’arrivais pas à travailler sur mes sujets pour le congrès. Je me disais : “Est-ce que ça a du sens de continuer à faire ce métier comme si de rien n’était, alors que le RN peut avoir la majorité absolue ?”» «Combien on est à avoir voté NFP ici ? 70 % ou 90 % ?» entend-on au café. A cet endroit, une possible victoire du Rassemblement national au second tour des législatives équivaut à un big-bang.

C’est par l’intersyndicale du campus Condorcet (Paris-Aubervilliers) que la sociologue d’abord sidérée a retrouvé «une humeur un peu combative». Une camarade lui envoie le site 5 jours pour gagner coordonné entre autres par la militante féministe Caroline De Haas. Julie Pagis est revigorée de découvrir «800 personnes inscrites dans la boucle Telegram de la campagne locale du