Du purgatoire chrétien aux tables qu’on fait tourner, des rites vaudous aux maisons hantées, la communication avec les morts a taraudé toutes les sociétés humaines. Historiennes, écrivain·e·s, philosophe, géographe et un même un médecin légiste archéologue ont accepté de jouer les chasseurs de fantômes cet été dans Libération. Une exploration qui montre qu’ils n’ont jamais été aussi présents, ils sont une impulsion de vie et le symptôme d’un passé qui ne passe pas.
On vous coupe une jambe ou un bras, mais ils vous semblent encore là. Ces membres fantômes, la médecine les connaît depuis longtemps. Mais pourquoi cette présence énigmatique d’un bout de corps qui n’est plus là mais encore là ? Quel est le rôle du cerveau, principal siège de la production de nos images, dans ces mécanismes ? Professeur de neurosciences à l’école polytechnique de Lausanne, Olaf Blanke étudie depuis des années la façon dont l’être humain se perçoit via des expériences en laboratoire avec de la robotique. Une manière d’approcher notre fantôme le plus intime et le plus mystérieux : nous-mêmes ?
Comment un neuroscientifique commence-t-il à travailler sur les sensations de présences ?
Bien avant de devenir neuroscientifique, je m’intéressais à la conscience de soi, comment nous nous percevions. J’ai approfondi cette question au tout début de ma formation, comme jeune étudiant en médecine, et surtout comme interne en neurologie. J’ai alors rencontré des patients q