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Libération
Chronique

A ma France indécise, par Jakuta Alikavazovic

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Elections législatives 2024dossier
Entretenir la peur de l’autre ? La façon dont un parti se propose d’aborder celles et ceux qu’il identifie comme étrangers en dit long sur la façon dont il entend, en réalité, traiter tout le monde, y compris les plus vulnérables. A cela, une seule issue : s’opposer.
Vote pour les élections européennes à Lille (Nord), le 9 juin. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas pour Libération)
par Jakuta Alikavazovic, écrivaine
publié le 28 juin 2024 à 12h07

Tandis que revoilà le spectre de l’anti-France dans cette cacophonie – que dis-je, ce chaos – qui tient actuellement lieu de campagne électorale, revoilà le bouc émissaire si familier. L’étranger, avec toutes ses gradations d’étrangeté – l’immigrant et le migrant, le racisé, le binational, l’issu-de-la-diversité, le pas-tout-à-fait-nôtre. Revoilà, dans une langue stratégiquement affadie et désaffectée, mise au goût «corporate» du jour, les désignations péjoratives ; les soupçons soigneusement attisés. L’étranger de l’extérieur et, par un tour de passe-passe xénophobe et raciste, l’étranger de l’intérieur. Revoilà la «préférence nationale», la «déchéance de nationalité» et les «Français d’origine étrangère» – expression ô combien pernicieuse, qui ouvre mine de rien sur le fichage de tous et sape l’idée même de légitimité, aboutissant à une citoyenneté à deux vitesses. A deux valeurs.

En quelques coups de ciseaux, elle est là, prête à être brandie : la