On a beau jurer que l’année prochaine, on s’en dispensera, des fêtes, cette fois encore, à l’approche du dernier jour de l’année, on sera saisi·es de la même agitation, on se renverra mutuellement la question, discrètement inquiet·es : et toi, tu fais quoi, pour le 31 ?
Qu’on le chérisse ou qu’on le conspue, le réveillon parvient toujours à nous rattraper, implacable, qui met l’accent sur ce qu’on n’a pas, sur ce qu’on n’a plus, qu’il s’agisse de parents, d’ami·es, d’un logement, d’argent ou d’espoirs ; la célébration de fin d’année présente l’addition et surtout la soustraction : comme elles pèsent les absences, ces jours…
Noël est la fête de ce qu’on cache : les cadeaux et l’inexistence du Père Noël aux enfants, ses tourments à ses proches, quand on n’a plus l’âge d’y croire, à Noël. Les fêtes enjoignent à dissimuler tout ce qui les entacherait, elles se coiffent d’un point d’exclamation impératif, un mot d’ordre de la guirlande pour tous·tes : bonnes fêtes !
A la façon de Jeux olympiques mondiaux durant lesquels le récit d’une harmonie factice s’impose dès la mi-décembre, les autres narrations sont renvoyées en coulisses : on préférera consacrer des éditions spéciales au voyage du pape en Corse plutôt que d’annoncer la dévastation à venir, prévisible du cyclone