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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Abolissons la prison, y compris pour Sarkozy, par Luc Le Vaillant

Ne pas embastiller l’ancien président serait une manière de prouver à cet adepte du tout-carcéral que sa philosophie sécuritaire est inopérante.

Vue d'un mur de la prison de la Santé, à Paris en 2014, où Nicolas Sarkozy pourrait purger sa peine. (Thibault Camus/AP)
Publié le 07/10/2025 à 6h18

Je me fais peu d’illusions sur l’innocence de Nicolas Sarkozy et sur sa probité malmenée par les récentes décisions de justice. Disons que son appétit de pouvoir était tel qu’il n’a pas dû s’embarrasser de prudence exagérée, ni de délicatesse particulière dans sa façon de conquérir l’Elysée ou d’exercer son mandat. Malgré tout, j’estime qu’il n’a rien à faire en prison. Il ne s’agit pas de l’en exempter en tant qu’ancien président, ni de l’y précipiter en bramant «exemplarité». Il s’agit de prendre à revers la vision du monde de ce politique répressif qui promettait de nettoyer au Kärcher la petite délinquance. Et il s’agit surtout de contester la mise en détention, calamité tout à fait légale à laquelle les juges ont trop souvent recours.

La prison demeure l’école du crime. Derrière les barreaux, on noue des solidarités claniques et on s’initie aux pratiques mafieuses, on se désocialise et on se radicalise, on déprime et on dépérit même si quelques-uns vivent ce temps clos comme une chance d’apprendre et d’évoluer.

Aménager les peines

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Il y a peu de chances qu’à 70 ans, Sarkozy jeté au gnouf devienne un caïd de cité ou un fondamentaliste islamiste. Mais éviter de faire de Sarko un taulard serait une bonne manière de l’obliger à reconnaître que le tout-carcéral qu’il préconisait est fatal. On peut toujours espérer qu’ainsi épargné, il devienne un joyeux propagandiste de la probation et du sursis, des travaux d’intérêt général et du bracelet électroniqu