Menu
Libération
Chronique «Ecritures»

«Adolescence» : on ne naît pas masculiniste, on le devient, par Martine Delvaux

Article réservé aux abonnés
Ce que montre la série britannique et que nous refusons de regarder en face, c’est que la misogynie qui se répand sur les réseaux est un problème mortel. Et la question qu’elle pose est : pourquoi une telle passivité des adultes ?
Dans la série «Adolescence», une psychologue face à Jamie, suspecté de meurtre. (Ben Blackall/Courtesy of Netflix)
par Martine Delvaux, écrivaine québécoise
publié le 27 mars 2025 à 18h02

Elle est morte, dit la psychologue chargée d’évaluer le garçon accusé du meurtre d’une compagne de classe. Jamie, est-ce que tu comprends ce que c’est, la mort ? Tu comprends que Katie est morte, qu’elle ne reviendra pas ? Que malgré tes dires sur elle, malgré tous tes reproches, elle est morte ? Et la personne qui l’a tuée lui a enlevé toute possibilité d’avoir un avenir ?

S’adressant au personnage de Jamie, la psychologue s’adresse à nous. Si tout le monde parle, en ce moment, d’Adolescence, la minisérie britannique (Netflix) sortie en plein chaos trumpien, au moment où un groupe d’hommes riches et non élus est en train de décider de notre avenir collectif, c’est qu’il y a urgence. Une urgence que traduisent les quatre épisodes filmés en plans-séquences dont la virtuosité, comme le flot effréné des actualités américaines, nous coupent le souffle. Comment continuer à respirer quand, dans une ville ordinaire, un garçon issu d’une famille ordinaire vient d’assassiner la fille qui a repoussé ses avances ?

Dès le premier épisode, la preuve est dévoilée. Le policier montre la scène captée par le système de surveillance. Un soir, au fond d’un stationnement, Jamie, 13 ans et le visage angélique, assassine Katie, une compagne de classe. Il la poignarde sept