Combien sont-ils à avoir su, vu, entendu ? Combien de regards qui se sont détournés opportunément, combien de questions qui n’auront pas été posées ? Combien de complicités par inadvertance, combien par indifférence… Tout le monde savait. Combien de fois encore faudra-t-il la lire, cette phrase, qui dit sans ambages qu’on n’aura rien fait ou si peu ? Ne pas avoir été écouté ni cru quand on dénonce les violences dont on a été victime, enfant, ne pas avoir été secouru, est une écharde sous la peau qui jamais ne se laisse oublier, une plaie laissée à vif. A celles et à ceux qui, régulièrement, s’étonnent qu’une victime de violences sexuelles mette des décennies à trouver ses mots, sans doute faut-il renvoyer la question : combien de temps allez-vous refuser de les entendre ? Combien de temps avant d’admettre que ces «affaires» de pédocriminalité ne sont pas des dysfonctionnements mais la conséquence d’un système de domination, celui des adultes sur les enfants.
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Arrête de faire ton intéressant, dit-on aux enfants qui parlent fort, qui rient fort et vivent fort. N’étaient-ils pas assez «intéressants» pour être pris en considération, leurs terrifiants témoignages réitérés ? Sont-ils des citoyens de seconde zone, les enfants, pour que leurs alertes n’alarment jamais assez ? Un conte est un «récit d’aventure imaginaire, destiné à distraire, à instruire en s’amusant». Les loups y dissimulent leurs dents acérées, ils se déguisent en grand-mère rassurante, leur souffle puissant d