Mon père, né dans les années 30 dans la baie de Naples, était un homme chaleureux mais sensiblement sexiste quand il est arrivé à Paris. Ma mère, féministe avant l’heure, m’a souvent raconté ses sorties lunaires quand ils se sont rencontrés dans le Paris pré-68. Mon papa pensait intimement que les femmes étaient moins intelligentes que les hommes et ne méritaient pas la même place. Il devait avoir un sacré charme pour que sa misogynie ancestrale fasse rire ma mère. Finalement, l’amour a fait son chemin car, s’il n’a pas lu Virginie Despentes, il avait beaucoup évolué à la fin de sa vie.
Je pense à mes parents, aux débats qu’ils ont pu avoir dans leur jeunesse quand j’entends des propos misogynes dans les médias. Je ne peux m’empêcher de penser que celui qui les tient a dû sacrément manquer d’amour. En réalité, l’idéologie selon laquelle les femmes devraient avoir un statut social inférieur aux hommes s’appelle l’antiféminisme. Cette idéologie s’est manifestée dans l’histoire en réaction au féminisme. Au XIXe siècle, les antiféministes étaient opposés au droit de vote des femmes et à leur éducation. Depuis, l’antiféminisme a évolué, s’adaptant à ses échecs. En 2021, leur argument est que le féminisme n’est plus nécessaire, que les femmes tirent bénéfice de leur statut de femme et que ce sont désormais les hommes qui souffrent. Les recherches montrent qu’Internet a accru la visibilité des sentiments antiféministes. Les femmes journalistes, universitaires et politiques qui s’exp