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Libération
Chronique

Anatomie de la justice, par Luc Le Vaillant

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Le succès d’«Anatomie d’une chute», qui espère poursuivre sa razzia de récompenses aux oscars, tient à sa capacité à souligner l’humaine fragilité de la justice, tout en biaisant avec les manichéismes du moment.
«Anatomie d’une chute» sera le 10 mars en lice pour les oscars. (Le Pacte)
publié le 4 mars 2024 à 15h22

Le triomphe d’Anatomie d’une chute intrigue par sa persistance et son œcuménisme. Le film de Justine Triet a décroché la palme d’or, conquis les bafta et vampé les récents césars. Il sera le 10 mars en lice pour les oscars, après une habile reptation hors des polémiques cannoises qui avaient vu la réalisatrice porter le fer contre la macronie au nom d’une exception culturelle mêlée d’insoumission hexagonale. Cette unanimité étonne. Car, si l’intrigue du film est intellectuellement stimulante, on peut en trouver le rythme lambin et l’interprétation pesante. Au point de regretter Sybil, l’œuvre précédente de Triet. J’y avais apprécié l’allant mélodramatique et le tumulte existentiel qui faisaient turbuler certaines thématiques retrouvées depuis dans Anatomie d’une chute comme la confusion entretenue entre vie privée et créativité, hommage et pillage, inspiration et trahison. Mieux, dans Sybil, les identités vacillaient au bord du Stromboli, volcan cher à Ingrid Bergman, loin du chalet savoyard ensanglanté et de la statique salle d’a