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Libération
Chronique «Médiatiques»

Apolline de Malherbe, Lucie Castets, et le gendarme de Mougins, par Daniel Schneidermann

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En interrogeant la candidate du NFP à Matignon, uniquement sur la question sécuritaire, la journaliste de BFM occulte un certain nombre de sujets : une façon de hiérarchiser l’information ?
Lucie Castets est invité en ouverture de l'université d'été du PCF à Montpellier en présence de Fabien Roussel, Secrétaire National du PCF, le 24 août. (Nanda Gonzague/Libération)
publié le 1er septembre 2024 à 9h30

«Mais je voudrais d’abord qu’on écoute ensemble Harmonie Comyn…» Parmi tous les sujets de l’actualité, Apolline de Malherbe, en recevant Lucie Castets sur BFM jeudi, choisit de débuter l’interview par le discours de la veuve du gendarme, tué à Mougins quelques jours plus tôt par un chauffard refusant d’obtempérer à un contrôle routier. C’est assurément l’événement du jour. Comment en douter, puisque BFM, la veille, a choisi de diffuser en direct ce discours, dans lequel la veuve «remercie notre France d’avoir tué mon tendre époux par son laxisme et son excès de tolérance», assure que «1981 [l’abolition de la peine de mort, ndlr] n’aurait jamais dû exister» et déplore que le chauffard bénéficie en prison de «trois repas chauds par jour».

S’ensuit une grêle de treize questions à la candidate de la gauche à Matignon, soit une durée totale de huit minutes trente (sur un entretien de 21 minutes et 33 secondes au total). Plusieurs questions sur le drame lui-même, incluant l’énumération exhaustive des dix précédentes condamnations du chauffard pour des délits principalement routiers, mais augmentés des inévitables bonus. D’abord, quatre questions sur le slogan «la police tue». Ce slogan a été tweeté par Mélenchon en 2022, lors du meurtre d’une automobiliste par un policier, après un refus d’obtempérer à Paris. Il a aussi été scandé en 2023 dans une manifestation en présence de deux députées LFI. Ce n’est donc pas de l’actualité brûlante, mêm