Un vendredi quelconque, alors que j’essayais vainement de faire entrer de l’air dans ma poitrine (Pierre, c’est ça qui coince, m’avait dit la médecin : tu fais entrer plus d’air dans tes poumons que tu n’en expires. Essaie de faire le contraire, ça devrait te calmer – facile à dire), alors que, donc, j’expirais de manière exagérée afin d’expulser tout le dioxyde de carbone (et si possible, par là même, le mal), j’ai ouvert mon navigateur et été naturellement guidé jusqu’à la vidéo de la présentation, la veille, du nouveau Facebook-qui-désormais-s’appellera-Meta par la main de son maître, Mark Zuckerberg. J’ai appuyé sur la petite flèche. C’était trop tard.
J’ai d’abord dû revenir plusieurs fois en arrière pour essayer de saisir ce que le milliardaire de 37 ans disait, tant j’étais happé par son informe sweat noir et sa mine de «nerd» déterrée. On la connaît bien, pourtant, cette silhouette sans contours, sans âme, sans rien, ce front plat et haut ceint d’une ligne de cheveux comme les dents d’un râteau, cette peau translucide, ces gestes empruntés, cette voix comme venue du fond de sa caverne. J’ai continué à expirer, mais c’était de pire en pire.
Analyse
Quelle idée aussi de lancer une telle vidéo quand on va déjà moyennement. (Depuis quelques semaines, ma poitrine s’est serrée et comme incurvée, mon cou et ma nuque se sont raidis, mon corps s’est tendu comme un arc et le souffle a commencé à me manquer. Je te reconnais, crise d’angoisse. Je ne sais pas te dompter. J’ap