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Après les Jeux, le pain, par Michaël Fœssel

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A l’opposé de la formule ironique du poète romain Juvénal, s’il fallait reprocher quelque chose, non aux JO, mais à leurs instrumentalisations politiciennes, c’est d’avoir voulu faire croire que la fête masque les urgences sociales. Or, même réussies, les allégresses populaires n’aveuglent pas sur les nécessités matérielles du présent.
Le président Macron lors de sa visite au stade olympique de la tour Eiffel à Paris, le 24 juillet 2024. (Denis Allard/Libération)
par Michaël Fœssel, professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
publié le 12 septembre 2024 à 5h42

Maintenant que les Jeux olympiques et paralympiques sont terminés, et que la France entre à nouveau dans l’ordinaire des jours, il est possible de revenir sur un jugement très répandu avant leur organisation. Panem et circenses, «Du pain et des jeux» : on a souvent cité cette formule ironique du poète romain Juvénal afin de mettre en cause l’engouement populaire pour ce qui n’est qu’une manifestation sportive. Emmanuel Macron a contribué à redonner du sens à ce jugement lorsqu’il a érigé les JO en obstacle quasi-constitutionnel à la nomination d’un Premier ministre. Cette dernière n’était pourtant devenue nécessaire qu’à la suite d’une dissolution qu’il avait décidée seul : cela a contribué à ériger les Jeux en prétexte pour divertir le peuple des urgences politiques du moment.

De l’avis général, les Jeux olympiques se sont pourtant bien passés, relativisant la portée des instrumentalisations dont ils ont fait l’objet. La critique des jeux par Juvénal est de type aristocratique : le poète stigmatisait le peuple romain qui, alors qu’il était menacé par les invasions barbares, se consacrait aux plaisirs superflus que l