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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Ardisson ou la fin de l’éternité télé, par Luc Le Vaillant

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La disparition de l’homme en noir est aussi celle de la télé de flux et d’un spectacle commun remplacés par l’auto-promotion numérique.
La question n’est pas de savoir si Ardisson était mégalo ou lucide. Il était les deux. (MPP/Starface)
publié le 21 juillet 2025 à 6h37

J’aurais dû aduler Thierry Ardisson ou du moins porter aux nues ses provocations, sa créativité et son alacrité. Et pourtant, je n’avais pas un amour fou pour sa personne, ni une passion indéfectible pour ses slogans et ses saillies. Je lui reconnaissais un talent d’artilleur de concepts et une habileté d’intervieweur sachant mettre en scène ses questionnaires de Proust pimentés d’irrévérence gouailleuse, mais je n’ai jamais vraiment adhéré à son système.

J’avais un bref mouvement de recul au bord du vide vertigineux du spectacle en différé dont il était l’un des tauliers les mieux outillés. Façon retenez-moi ou je fais un malheur, je me cramponnais à la rambarde d’un balcon donnant sur un océan de faux je-m’en-foutisme et de vraie morgue. Je le toisais d’un œil mauvais, envieux sans doute de la prise de pouvoir de la télé sur la presse écrite, renâclant en chien de la casse devant l’imprimé plombé. J’aurais dû me féliciter qu’Ardisson aille y voir dans le substrat des personnages et le subconscient des personnalités, comme on le fait ici à Libé à travers