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Libération
Chronique «Médiatiques»

Attaque du Hamas le 7 octobre : atrocités et exactitude, par Daniel Schneidermann

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Guerre au Proche-Orientdossier
La propagande de guerre, telle que l’ont toujours pratiquée tous les belligérants à toutes les époques, accule quiconque tente de la «debunker» au rôle impossible du pinailleur de l’atrocité. Jusqu’où aller au nom de cet impératif, la stricte exactitude des faits ?
Capture d'écran d'un tweet montrant des journalistes en conférence organisée par l'armée israélienne pour la presse étrangère le 23 octobre. Ils visionnent une vidéo montrant les attaques commises par le Hamas le 7 octobre. (Capture X)
publié le 28 octobre 2023 à 16h04

«Allo papa, ouvre WhatsApp et regarde combien j’ai tué de juifs ! Papa je te parle d’un téléphone d’une juive. Je l’ai tuée et j’ai tué son mari. De mes propres mains.» La voix est fiévreuse, et le récit en boucle. «Qu’Allah te garde !» répond une autre voix. Première voix : «Je suis à Miflassim. J’en ai tué dix. Leur sang est sur mes mains, passe-moi maman.» Voix de femme : «Que j’aimerais être avec toi.» «Chérie, ton fils est un héros. Tue-les. Tue-les. Tue-les.» «Lève la tête papa. Lève-la fièrement.» «Allez revenez maintenant c’est fini.» Première voix : «Où revenir ? On reste à la vie à la mort. Nous ne reviendrons pas. On reste là. Ma mère m’a mis au monde pour Allah.» «Promets-moi que tu reviendras !»

Seul élément sonore parmi des photos et vidéos, cette bande-son a été diffusée au cours d’une séance organisée le 23 octobre pour la presse étrangère, par l’armée israélienne. Les journalistes assistant à la projection devaient déposer à l’entrée smartphones et caméras. Manifestement, un enregistreur a échappé aux contrôles, à moins que la fuite de cette bande-son, insoutenable, peut-être plus insoutenable que les vidéos, provienne de l’Armée elle-même, qui l’aurait jugée moins attentatoire à la dignité des victimes que des vidéos sanglantes. Saura-t-on jamais ? En France, elle a été tweetée par l’Ambassade d’Israël.

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