Menu
Libération
Chronique «Philosophiques»

«Au tableau!»: quand Eric Zemmour veut corrompre la jeunesse

Article réservé aux abonnés
Chronique «Philosophiques»dossier
Valérie Pécresse la «bonne élève», Yannick Jadot le «cancre»… chaque candidat a joué son rôle dans l’émission de télévision qui les invite à présenter leur programme face à des enfants. Résultat: les écoliers n’auraient probablement élu aucun d’entre eux au poste de délégué de classe.
Le candidat d'extrême droite Eric Zemmour dans «Au tableau!!!» sur C8. (DR)
par Michaël Fœssel, Professeur de philosophie à l’Ecole polytechnique
publié le 31 mars 2022 à 15h23

«L’enfant a dans son berceau la paix ou la guerre de l’avenir.» Dépositaire du futur, l’enfant est, selon Victor Hugo, le véritable sujet de la politique. Même s’il n’est qu’un citoyen en puissance, c’est pour lui que les adultes choisissent et, en principe, pour lui que les dirigeants agissent. De là, peut-être, l’idée des concepteurs de l’émission Au tableau ! d’inviter des candidats à la présidence de la République à se présenter, avec leurs programmes, dans une salle de classe. Répondre à ceux devant qui on aura à répondre et qui pourtant n’ont pas droit au chapitre : l’idée n’est pas mauvaise. Elle aurait pu mettre les candidats à hauteur d’enfance, c’est-à-dire d’avenir.

Autant le dire tout de suite, l’exercice est loin d’avoir été convaincant. Sans doute obnubilés par ceux qui votent, à savoir les parents, les candidats mis sur le gril ont davantage cédé à une image infantile de l’enfance qu’ils ne sont confrontés à la question qu’elle pose. Soucieux d’apparaître clairs, ils ont beaucoup mouliné des bras pour rendre intuitives des propositions intraduisibles dans la langue, pourtant limpide, de l’enfance. L’idée que l’enfant est un adulte en miniature est l’une des erreurs les mieux partagées au monde. On lui parle comme à un grand un peu niais en espérant qu’à la fin un dessin viendra à bout de ses questions.

Devant la caméra et sous le regard des parents électeurs, chacun a tenu son rôle. Valérie Pécresse la bonne élève un peu fayote tentant, ce qui n’es