Il y a si longtemps que les planètes ne se sont pas alignées pour la gauche que l’on avait fini par croire qu’elle était condamnée à rater tous ses rendez-vous avec l’histoire. La création du Nouveau Front populaire a fait long feu. Les divisions et les injures ont une fois de plus donné corps à la thèse défaitiste des «deux gauches irréconciliables».
Il y a pourtant des occasions où le réel, même désespérant, fait un clin d’œil à la gauche en lui rappelant qu’elle possède malgré tout un avenir. Depuis quelques semaines, l’alignement des planètes en faveur de la gauche porte un nom : celui de la taxe Zucman. En proposant d’imposer le patrimoine des super-riches à hauteur de 2% par an, le professeur d’économie a le mérite de vouloir mettre à contribution les actifs financiers.
Il propose de soumettre à la solidarité nationale l’espace jusqu’ici sacré du capitalisme financiarisé : les «biens professionnels», en particulier les actions, des plus riches dont on prétend, sans jamais en donner la moindre preuve, qu’ils sont le nerf de l’investissement et des emplois de demain.
Réactions outragées et comiques
La taxe Zucman se situe au point médian des gauches : trop modeste pour les insoumis, presque confiscatoire pour les socialistes. Toutes les conditions étaient donc réunies pour que les «irréconciliables» demeurent une nouvelle fois séparés. Si cela ne s’est pas produit, ce n’est pas seulement parce que la mesure est plébiscitée par une opinion publique de plus en plus sensible aux injustices liées à l’optimis