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Chronique «Ré/Jouissances»

Blanche-Neige 2021 : «Embrasse-moi idiot !»

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Chronique «Ré/Jouissances»dossier
Prise de parole d’une starlette de conte de fées qui réclame qu’on fiche la paix à ses envies, à l’heure où la bienséance rééducatrice s’offusque du baiser volé du prince charmant.
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publié le 11 mai 2021 à 3h38


Allez, embrasse-moi idiot que je puisse sauter au cou de n’importe qui me plaira et passera par là (1) ! Réveille-moi de ce lourd sommeil où je croupis depuis que ma marâtre m’a prise au piège de la pomme d’amour. Dépêche-toi, je n’en peux plus d’étouffer mes désirs et de les réduire en marmelade.

Tu as l’air charmant et bon prince, tant mieux ! Mais le bécot baveux de n’importe quel crapaud avantageux aurait fait l’affaire. Cela aurait pu être celui du chasseur qui m’a épargnée, désobéissant aux ordres de ma tourmenteuse, lui ramenant le cœur et autres abats d’une bête de substitution. De ces matières sanguinolentes, la vieille peau a botoxé sa beauté occultée, histoire de conjurer sa frayeur de disparaître du parc aux cerfs. Cette libération initiale aurait pu aussi revenir à l’un des Sept Nains si ces petits êtres exquis n’étaient les dignes représentants de l’infantilisation actuelle du masculin. Mais tu ne sauras rien des privautés inoffensives auxquelles nous nous sommes livrés en bande organisée. Mes préférences du moment étant assez fluides, la tâche aurait pu également échoir à Peau d’Ane, à Cendrillon ou au Petit Chaperon rouge, lutineuse assez allumeuse qui n’a vraiment pas peur du loup.

Embrasse-moi, corniaud. N’écoute pas celles et ceux qui dénoncent un baiser que tu me volerais. Comment veux-tu que je signe en trois exemplaires une décharge devant notaire alors que je roupille en égérie dévitalisée ? Je suis majeure, même si pas encore vaccinée. Extrêmement