La période des vœux est propice à la pensée magique : quoi de plus incantatoire que de se souhaiter une «bonne année» ? Tout se passe comme si, quelques jours durant, le langage prenait le pouvoir sur le temps et voulait décider de l’avenir. Surtout dans les périodes sombres, les vœux sont une petite revanche verbale contre la fatalité.
C’est particulièrement le cas cette année où, pandémie oblige, le fait de se souhaiter une «bonne santé» prend inévitablement un caractère tragicomique. Dans le contexte actuel, ce vœu traditionnellement adressé aux autres s’adresse aussi à nous-mêmes : c’est collectivement que l’on se souhaite de mettre un terme à une histoire qui semble interminable.
Beaucoup a été fait pour freiner la contagion de la maladie : confinements, couvre-feux, institutionnalisation des gestes barrières. Les Etats ont dépensé des sommes inouïes alors qu’ils se disaient voués à l’austérité budgétaire. Avec la vaccination, on a mobilisé la science dans un temps record pour limiter les effets létaux du virus. Même le paysage juridique a été redessiné avec les états d’urgence sanitaire et le droit de vérification des identités désormais accordé aux restaurateurs.
Comme jamais dans l’histoire, la planète s’est mobilisée contre une maladie. D’un pays à l’autre, et même d’une période de l’épidémie à l’autre, les stratégies ont varié. Mais personne au monde, malade ou pas, n’a pu échapper aux effets du virus sur sa vie quotidienne. Dans cette mobilisation sans précédent, le