En temps de polarisation, il y a les victimes que l’on pleure, et celles que l’on déplore. Celles que l’on célèbre, et celles que l’on concède. Les nôtres, et celles du camp d’en face. Celles que l’on étire dans la durée, et celles que l’on rabougrit, dans la hâte de passer à la suivante. Celles qui accèdent individuellement au statut de victime, et celles qui n’y sont admises que dans un lot. Toutes les victimes ne sont pas égales devant l’hommage médiatique et l’hommage politique, étroitement connectés l’un à l’autre.
Trois jours après le meurtre, dans une mosquée du Gard, d’un jeune musulman, Aboubakar Cissé, d’une cinquantaine de coups de couteau, par un Français d’origine bosnienne, aux cris de «Ton Allah de merde», le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, invité à réagir sur BFM dès son retour d’Alès, détaille ainsi l’enquête policière : «On est en train de retrouver les liens familiaux que Abouba… que cet individu avait… que cette personne avait…»
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