Caroline Fourest vénère #MeToo, cette «bascule fabuleuse». Qu’on se le dise, la libération de la parole des femmes n’a pas d’alliée plus déterminée qu’elle. A 12 ans déjà, répète la journaliste, réalisatrice, essayiste polémiste sur les plateaux de France Inter et de C à vous (France 5), elle avait soutenu une camarade victime d’inceste, et l’avait encouragée à signaler le crime. «C’est le combat de ma vie.»
Mais il faut le reconnaître : emporté par son élan, voulant sûrement bien faire, #MeToo va trop loin. #MeToo condamne d’avance, sur les réseaux sociaux ou sur Mediapart, avant tout procès, des innocents, qui plongent alors en «enfer» (une garde à vue), et, même après relaxe ou classement sans suite, subissent «une mort sociale» (par exemple sont évincés d’un jury de festival). Parmi les victimes qu’elle cite, des gens bien : une productrice de cinéma féministe, une pédiatre légiste féministe, et même un député insoumis, c’est dire si elle pense aussi contre elle-même. Bref, elle se fixe pour but de protéger #MeToo contre ses pulsions, pour l’empêcher de «se ridiculiser». Faudrait pas te lâcher trop la laisse, Mitou. Tout doux, Mitou !
D’un plateau l’autre, Fourest cite les mêmes dossiers à gros impact médiatique, répétant avoir «lu les arrêts de cours d’appel» mais toujours euphémisant les récits par l’élimination des détails, ces satanés détails.