Catastrophe, la défense est légitime, par Mathieu Lindon

Si j’ai bien compris, pendant des années, on s’est cru inattaquable – démocrates et puissants. L’ennemi, c’était le terrorisme, et personne n’imaginait qu’on allait flanquer une bombe atomique sur on ne sait quelle mosquée de banlieue pour arranger les choses, de sorte que le budget de l’armée ronronnait doucement et qu’on y aurait supporté sans s’indigner d’un petit doigt des coupes claires contre lesquelles, à la Culture ou à l’Ecologie, on aurait été manifester. On avait de bons rapports avec l’Allemagne, tout le monde nous aimait bien ou en tout cas nous supportait, on pouvait dormir tranquillement avec notre bombe atomique sous l’oreiller. Avant, pour nous défendre, on avait des bleus de 20 ans, du moins ceux qui n’étaient pas parvenus à être réformés, tandis que depuis trente ans on a enfin confié l’armée à des professionnels. Et puis on a tellement de problèmes, en France, qu’on n’imaginait pas que qui que ce soit de raisonnable puisse nous convoiter. Et puis on pensait qu’on était des alliés sinon indispensables du moins souhaitables pour les Etats-Unis, qu’on avait une sorte d’utilité même si on aurait été bien en mal de la définir. Plus ou moins pareil pour la Russie, à coups de flagorneries et de lâchetés, on s’imaginait avoir acheté son indifférence, qu’ils avaient d’autres pays à fouetter, de Syrie en Géorgie et de Tchétchénie en Afrique.