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Chronique «Historiques»

Ce charbon qui nous mine

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Après les rues climatisées de Las Vegas, les stades réfrigérés du Qatar, les canons à neige de stations où il ne neige plus… focus sur la mine de Garzweiler II en Rhénanie : 50 km² de superficie, 400 mètres de profondeur, et des villages entiers éradiqués au nom de l’extractivisme.
Le village de Lützerath, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, entre des éoliennes et la mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler, le 19 octobre 2022. (Federico Gambarini/DPA. AFP)
publié le 27 octobre 2022 à 7h00

Ce sont des chiffres de guerre : 300 villages détruits, 100 000 personnes déplacées, en majorité depuis les années 70, pour l’exploitation de plus de 30 mines de lignite à ciel ouvert en Allemagne. Celle dont on parle, en ce moment, est la mine de Garzweiler II, un paysage lunaire de 50 km² et de 400 mètres de profondeur, là où se trouvaient, en Rhénanie, des champs, des villages et des forêts. Ce furent des lieux de vie, de joies, de disputes et de rêves. Des lieux où des amoureux se sont embrassés, où des enfants ont joué, où des morts ont été portés en terre : de tout cela, il ne reste plus rien. Même les morts et leur tendre mémoire ont disparu. A la place, une immense fosse, vide, telle qu’un bombardement massif, ou une bombe atomique elle-même serait incapable de la creuser.

La résistance, depuis quelques années, se concentre dans ce qu’il reste du village de Lützerath, déjà vidé de ses habitants, à l’exception d’un exploitant agricole, qui refuse de quitter sa ferme du XVIIe siècle, classée aux monuments historiques. Le reste du village a été dévasté : route et infrastructures détruites, maisons condamnées, puis détruites à la pelleteuse, arbres tronçonnés. A quelques encablures de la dernière ferme, où des activistes de toutes nationalités s’installent dans les arbres et attirent les médias, on trouve une falaise