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Chronique «Médiatiques»

Ce que dit la démission de RTL de Jean-Michel Aphatie, par Daniel Schneidermann

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La sanction visant le chroniqueur de RTL pour ses propos sur l’Algérie a beau être peu sévère, elle en dit long sur l’ampleur du refoulement mémoriel en France face à sa sanglante conquête coloniale.
Jean-Michel Aphatie, en janvier 2020 à Paris. (ABACA)
publié le 8 mars 2025 à 10h54
(mis à jour le 9 mars 2025 à 16h17)

Quelques jours de réflexion, et une décision : de sa propre initiative, Jean-Michel Aphatie claque la porte de RTL. Pourtant, la station avait été «magnanime» : pour avoir affirmé que tout au long de la colonisation de l’Algérie, la France a commis «des centaines d’Oradour sur Glane», le journaliste n’avait pas été viré de RTL. Sa chronique hebdomadaire avait été simplement «suspendue» une semaine, sanction sans doute la plus légère dans l’échelle de RTL. Un coup de règle sur les doigts, un «ça va pour cette fois, mais n’y reviens pas». Le suspendu en a donc décidé autrement : «Une punition reste une punition, a expliqué dimanche le chroniqueur sur X. Si je reviens sur l’antenne, je la valide donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir.» Pas de compromis, pas de faux accord, retour au «Messieurs les censeurs, bonsoir» : le départ d’Aphatie marquera désormais une date dans l’historiographie de la colonisation française.

Certes, l’ampleur exacte des massacres français lors de la conquête de l’Algérie et la comparaison avec Oradour peuvent se discuter factuellement. C’est un débat d’historiens,