Si j’ai bien compris, avant, on pensait que les milliards avaient de la valeur, qu’ils rendaient riches. Si jamais on les imaginait tomber comme à Gravelotte, ou comme une manne qu’un Dieu bienveillant répandrait sur son peuple tel un déluge favorable, cette fois-ci, alors on se voyait dans la scène comme dans un eldorado, les doigts de pied en éventail sur la plage, cueillant une datte à l’occasion, quand un soupçon de faim menacerait d’apparaître (à moins qu’on puisse compter sur un petit zéphyr pour la diriger sans effort dans notre bouche). Tandis que là les milliards nous inondent et ce n’est pas pour autant qu’on se sent milliardaires. La soif redouble. Voilà que notre nouveau Jésus les multiplie comme des petits pains et, ces milliards-là, on a le sentiment de ne les prendre à personne. Ce n’est pas comme un impôt sur la fortune où on retirait les milliards de la bouche des milliardaires, au contraire semble-t-il qu’eux-mêmes ne soient pas lésés et que le bassinet penche volontiers de leur côté. On avait besoin d’un miracle et, hop, les milliards furent. Le gouvernement s’est démené pour qu’on comprenne qu’il se fiche des créateurs ? C’est parce qu’il est lui-même créateur de milliards et aucune autre création ne vaut ça. Ces milliards, faudra-t-il les rembourser ? Donner c’est donner, reprendre c’est voler. Pourquoi ont-ils tout à coup surgi comme la foudre jupitérienne ? Pour les dépenser et parce qu’on en avait besoin. Alors, si certains ne les ont pas dépensés et
Si j'ai bien compris...
Cent mille milliards pour la soif
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Chronique «Si j'ai bien compris…»dossier
par Mathieu Lindon
publié le 12 février 2021 à 21h09
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