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Billet

Ces enfants face aux croyances que l’on tord et déforme, par Samira Sedira

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Lors de l’étude d’un tableau représentant des nymphes nues dans un collège des Yvelines, certains élèves se sont dits choqués. Comment expliquer leur réaction si ce n’est par la manipulation par des adultes de la vérité et de leur développement émotif ?
«Diane et Actéon» de Giuseppe Cesari, exposé au musée du Louvre, représente Diane et ses nymphes nues. (DR)
publié le 14 décembre 2023 à 14h02

Jeudi 7 décembre, dans une classe de 6e, une enseignante du collège Jacques-Cartier dans les Yvelines a proposé à l’étude un tableau de la Renaissance, Diane et Actéon, du peintre Giuseppe Cesari, représentant Diane et ses nymphes nues. A la vue de ce tableau, «une poignée d’élèves» choqués par la nudité des personnages auraient ostensiblement détourné le regard. Après le cours, des rumeurs ont commencé à circuler accusant l’enseignante d’avoir tenu des propos racistes et islamophobes. Certains enseignants de l’établissement, craignant de voir se reproduire le terrifiant scénario ayant conduit à l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un islamiste radicalisé de 18 ans, ont exercé immédiatement leur droit de retrait, vendredi et lundi. Le ministre Gabriel Attal est lui-même intervenu pour tenter de répondre à leurs inquiétudes et aux difficultés rencontrées depuis un certain nombre d’années dans l’établissement.

Un poids bien lourd

Ce qui frappe d’abord dans cette affaire, c’est l’âge des protagonistes. Rappelons qu’en 6e on vient tout juste d’en finir avec les récrés et les cartes Bakugan. A 11 ans, on se dirige lentement vers les sables mouvants de la puberté mais on est encore loin d’en imaginer toutes les affres. A 11 an