Si j’ai bien compris, la dette écologique, voilà des siècles qu’elle grimpe, et soudain, c’est à nous de passer à la caisse, sous peine de faillite radicale – pas de possibilité de se mettre sous tutelle climatique. Les baby-boomers et leurs descendants auraient donc mangé la nature à eux tout seuls, se seraient goinfré d’air pur, d’eau cristalline et de terres rares, comme si depuis Cro-Magnon jusqu’à Hiroshima et Nagasaki, les humains n’avaient eu de cesse de les préserver. Tandis qu’en vérité, on est les premiers lanceurs d’alerte, et peut-être les derniers. C’est un peu comme si on allait être licenciés, tous les magasins fermés, toutes les ressources disparues. «Allez, espèce suivante.» On croyait que c’était légitime que chaque génération vive mieux que la précédente, on nous bassinait avec le progrès, et voilà que c’est la catastrophe qui progresse à la vitesse d’un tsunami. Il va falloir se serrer la ceinture mais elle n’est pas extensible, on ne pourra pas éternellement faire de nouveaux trous. Comme quoi, en tout cas, on avait bien raison d’exiger des adolescents qu’ils en dépensent moins au téléphone, de l’énergie de cette planète qu’ils prétendent révérer.
La Terre aujourd’hui, c’est un peu comme un gâteau : il n’y en a pas pour tout le monde, le partage laisse du monde sur le carreau.