Il y a quelque chose de délétère dans cette démocratie, une odeur de fin de règne. Quelque chose tourne à vide dans notre système représentatif. Le président qui vient d’être réélu l’a été par inertie, par rejet du pire, par une soif non assouvie de meilleur. Il repart avec un nombre de voix et une légitimité faibles, deuxième président le plus mal élu de la Ve République, avec 38,5 % des inscrits.
Il gagne à nouveau sur l’idée du barrage républicain, chaque fois moins étanche. Il a bien failli rater la dernière marche précisément à cause de cela : les électeurs de gauche qui avaient largement participé à son élection au second tour, il y a cinq ans, se sont légitimement sentis floués pendant son quinquennat, au cours duquel ils n’ont pas du tout été pris en compte. On ne nous la refera pas, ont-ils pensé cette fois-ci. Nous avons malgré tout voté à nouveau pour lui, il n’y avait pas le moindre doute à avoir. Mais cette fois-ci, Emmanuel Macron devra prendre en compte dans sa politique la gauche qui a permis de l’élire, sinon, ça finira très mal, pour lui comme pour nous tous.