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Libération
Chronique «Médiatiques»

Cette honte qui nous nargue

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Le sentiment plane partout, sur tous : chez Robert Ménard, au souvenir du martyr d’Alep ; face à la maternité de Marioupol bombardée par les Russes ; et jusqu’aux compteurs de vitesse qui tapent le 130 à l’heure plutôt qu’un 110 qui économiserait 10 % de pétrole poutinien.
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publié le 13 mars 2022 à 18h42

Sûr de son effet, Robert Ménard prévient d’emblée : «Moi je vais plaider coupable.» Et il se lance direct, sur le plateau de David Pujadas, qui jubile de l’exclusivité : «J’ai dit, écrit, publié à Béziers un certain nombre de choses […] que je regrette, que j’ai honte d’avoir dit.» Publié à Béziers ? Sans doute le maire de la ville fait-il allusion à des affiches, placardées sur les panneaux de la municipalité, lors des guerres d’Irak et de Syrie. Il est vrai qu’il a fait fort. «Les migrants dans notre centre-ville», s’alarmait une affiche, sur un photomontage montrant des femmes voilées prenant d’assaut la cathédrale de Béziers. Ou bien cet autre, avec les mêmes, prenant d’assaut un train, direction «Béziers 3 865 kilomètres».

«Moralement, c’était pas bien», réalise Ménard, miraculeusement mûri par quelques années de réflexion et le spectre d’une troisième guerre mondiale, avec arrivée massive de réfugiés ukrainiens. «Il n’y a pas deux sortes de victimes : des Européens chrétiens qu’il faudrait défendre et des gens pas européens qui seraient au Moyen-Orient et musulman, qu’on aurait eu raison de ne pas accepter chez n