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Chronique «Ré/jouissances»

Chère Agnès Buzyn…

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Chronique «Ré/Jouissances»dossier
Lettre à l’ex-ministre de la Santé, mise en examen pour sa gestion initiale du Covid, à l’heure où les responsables politiques sont souvent tenus pour coupables de tout et son contraire.
L'ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, lors d'une commission d'enquête au Sénat, en septembre 2020. (Daniel Pier /NurPhoto. AFP)
publié le 8 novembre 2022 à 5h45

Il y a dans ce reflux de faveurs qui vous frappe une cruelle ironie et une possible injustice. A l’aube de la pandémie, vous rêviez, chère Agnès Buzyn, de glorieuses destinées dans cet univers politique rallié sur le tard. Reconnue et fêtée, vous songiez à rejoindre Bruxelles afin de suivre les traces de Simone Veil, votre ex-belle-mère, ministre de la Santé comme vous et première femme présidente du Parlement européen. A défaut, vous avez dansé une valse-hésitation avec la mairie de Paris. Après la défection de Benjamin Griveaux, vous avez été poussée dans le dos par de bons amis qui vous y voyaient déjà. Vous aussi d’ailleurs… Si, comme vous l’affirmez, vous aviez déjà pris la mesure du danger de la pandémie émergente, il vous appartenait de mettre le holà à ces sollicitations. Face au Covid, vous auriez pu, vous auriez dû, rester cramponnée à votre domaine de compétence. Vous auriez ainsi tenu bon le cap du soin et de la précaution auquel votre carrière vous avait préparée. Au final, vous avez perdu sur les deux tableaux. Paris s’est refusé à vous. Surtout, vous voilà traduite devant la Cour de justice de la République pour «mise en danger de la vie d’autrui», incrimination forcément douloureuse pour un médecin.

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