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Chez Macron, le tournant du bon sens

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En invoquant à tout bout de champ la notion inventée par Descartes au XVIIe siècle, le Président reprend à son compte l’une des antiennes favorites des populistes.
Emmanuel Macron à Bruxelles le 1er février 2024. (LUDOVIC MARIN/AFP)
publié le 5 février 2024 à 20h44

De la conférence de presse d’Emmanuel Macron aux nombreuses interventions du Premier ministre, un nouveau vocabulaire a fait son apparition. Les changements sémantiques en disent souvent plus que toutes les proclamations. Le macronisme avait inventé en 2017 le «en même temps». Cette expression prétentieuse a manifestement fait son temps : on ne peut faire la loi sur l’immigration en même temps qu’on cherche à séduire la droite parlementaire tout en essayant de ne pas déplaire aux députés Renaissance.

Depuis le calvaire parlementaire de la loi immigration, il y a une expression qui a été plébiscitée par les deux têtes de l’exécutif, et de manière trop simultanée pour que ce soit l’effet du hasard : il s’agit du bon vieux «bon sens» désormais invoqué à tout bout de champ.

Le bon sens a un inventeur : René Descartes, mathématicien et philosophe du XVIIe siècle, qui proclama : «Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont.» Bref, tous les hommes en seraient pourvus, et comme dirait Descartes : «Il n’est pas vraisemblable que tous se trompent.»

L’histoire politique démontre que les amateurs de bon sens sont tous des adeptes du populisme, à commencer par Pierre Poujade, digne petit-fils de Descartes.

Le règne de Pierre Poujade

L’Union de défense des commerçants et artisans (l’UDCA) fut très active dans les anné