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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Chiara, Marcello et moi, par Luc Le Vaillant

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Evocation attendrie de la prestation de Chiara Mastroianni dans «Marcello Mio», film renouant des liens défaits entre générations perdues, sexes opposés et pays voisins.
Chiara Mastroianni dans «Marcello Mio» de Christophe Honoré. (Les Films Pelleas)
publié le 27 mai 2024 à 21h01

Je me rends compte que je connaissais mal Chiara Mastroianni. Il faut dire qu’elle a le chic pour disparaître de la photo de promo, l’art de s’aligner bord cadre et de s’agrafer à la pliure de la page, l’habitude de refuser la performance histrionne et les jongleries de camelot bon marché. Cette antistar est la fille d’une diva absolue au décontracté facile, Marcello Mastroianni, et d’un monstre aussi sacré que secret, Catherine Deneuve.

Cette fois, Chiara M. s’amuse à sortir de leur ombre en se moquant de son obscurité peu claire, de son insignifiance qui fait sens et de ses hésitations tout à son honneur. C’est pourquoi m’ont ravi son apparition moustachue et ses déambulations dépressives dans Marcello Mio où elle coiffe le chapeau paternel plutôt que le casque blond maternel. Et peu importe que me fascine plus la belle de jour fouettée par Buñuel que le doux viveur échappé de chez Fellini.

Entre soi et parmi nous. Abordons d’abord cette accusation d’entre soi qui escorte cette fantaisie tendre au sourire triste réalisée par Christophe Honoré. Il paraît que le bon peuple se sentirait exclu de ce vaudeville entre riches et célèbres de Saint-Germain-des-Prés. On me dit que «les gens» que van