Le 25 avril le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde la communauté internationale contre le «risque réel» d’une guerre nucléaire mondiale. Venant après une succession de menaces similaires émanant de Poutine, ce genre d’avertissement n’a presque plus le caractère d’une surprise. Depuis le début du conflit en Ukraine, la possibilité d’un conflit nucléaire généralisé est évoquée de manière régulière. Aux pires moments de la guerre froide, et si l’on excepte la crise de Cuba, les deux superpuissances s’abstenaient pourtant de brandir de manière aussi explicite une telle menace. Comment expliquer cette routinisation du chantage à l’apocalypse ?
«Y penser toujours, n’en parler jamais» : telle était à peu près la règle en matière atomique avant que la Russie attaque l’Ukraine et échoue à l’envahir. Cette règle appartenait à la doctrine de la dissuasion : s’il y a quelque chose d’apparemment raisonnable dans la possession de l’arme nucléaire, c’est le présupposé selon lequel il ne sera jamais nécess