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Libération
Chronique «Ré/Jouissances»

Cinéma, tennis et autres agréables évasions injustifiées, par Luc Le Vaillant

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Roland-Garros 2025dossier
Le Festival de Cannes et le tournoi de Roland-Garros sont des shots d’illusions qui aident à échapper à l’angoisse de l’actualité.
Au Festival de Cannes le 23 mai 2025. (Marie Rouge/Libération)
publié le 26 mai 2025 à 22h00

Ce dernier week-end, je suis passé de la remise de la palme d’or à Cannes au début du tournoi de Roland-Garros. Ce glissement d’un divertissement à l’autre voit le spectateur que je me contente d’être persévérer dans son somnambulisme géopolitique et cajoler son évanescence sociale. Des palmiers de la Croisette aux marronniers de la Porte d’Auteuil, je continue de me tenir à la lisière du réel et à bonne distance du tragique de l’histoire. Cela m’évite de répéter «la paix maintenant» et «solution à deux Etats» quand je désespère des massacres continués à Gaza. Cela me dispense de m’énerver contre une gauche radicale toujours prête à se jeter au cou du fondamentalisme religieux quand il est islamiste. Ici et là, mon implication distanciée me laisse assoupi et vaguement écœuré. A Cannes, je dois me contenter de la mousse médiatique faite autour des films que je verrai plus tard. Malgré tout, ce brouhaha dont je me savonne me suffit pour rêvasser d’une connivence avec des stars endimanchées qui me sont autant d’amis imaginaires, de fantasmes fatigués et d’avatars en goguette. A Roland-Garros, j’ai accès aux images des corps en mouvement et à l’affrontement des volontés en culottes courtes. Le suspense entretenu ne me protège pas pour autant de la somnolence au moment où les échanges qui se mécanisent tiennent parfois de la purge. Inutile de convoquer Serge Daney pour les correspondances entre balle jaune et pellicule numérisée, l’écran noir m’est surtout un aspirateur à idées s