Dans les documentaires historiques sur la guerre d’Algérie, ou sur la guerre froide, ou sur l’Indochine, les documentaristes souhaitant signifier la IVe République en quelques images, insèrent en général des scènes de voitures pénétrant dans les palais officiels, Elysée ou Matignon. En sortent de graves messieurs en pardessus et chapeaux, qui grimpent les marches, s’engouffrent, puis ressortent. Pour accentuer le ridicule de ces pantins, les scènes sont parfois accélérées, manière Charlot. Ainsi, dans les codes visuels des archives politiques, signifie-t-on l’instabilité du «régime des partis», régime d’impuissance, appelé à sombrer en 1958 dans la guerre d’Algérie. Après quoi, le régime suivant ne fut plus incarné que par une haute et unique silhouette en képi, agitant les bras sur les balcons.
De l’extinction de la démocratie à l’apocalypse trumpienne
En 1958, Alain Duhamel a 18 ans. «Moi j’ai connu la IVe République», rappelle-t-il ces jours-ci de plateau en plateau sur BFM, imposant le silence aux jeunots qui l’entourent, justement nés aux alentours de cette année-là dans le meilleur des cas, et que rajeunit soudain le sémillant octogénaire. Réalisent-ils à ce moment qu’ils entrent précisément eux aussi dans l’histoire visuelle, en figurants du chapitre décadence et fin de régime, et peut-être pire (