Avez-vous jamais été un mystère pour vous-même ? Ça m’est encore arrivé l’autre jour. J’ai ouvert une petite boîte en carton bleu pour y ranger une mèche de cheveux de mon fils, mèche que j’avais réclamée à son père, qui l’emmenait chez le coiffeur. Le coiffeur s’était gentiment moqué de moi, paraît-il, car c’est quelque chose que l’on fait la première fois, en général. Pas la suivante. De fait, je l’avais déjà fait la première fois. Mais comme j’ai un tempérament victorien (pas au point, tout de même, de me tresser des serre-tête avec la chevelure des êtres chers), j’avais demandé, et obtenu, un deuxième souvenir, qui s’apprêtait à rejoindre le précédent dans la petite boîte en carton bleu. C’est alors que je suis devenue un mystère pour moi-même. A l’intérieur, avec le bracelet de la maternité, une photo d’identité, ce genre de petits riens qui sont d’une importance capitale pour certains tempéraments (pas exclusivement victoriens, me plais-je à croire), j’ai trouvé, griffonnée sur un post-it plié en deux, la note suivante : «Larmes d’insectes l’avenir ?»
C’était ma boîte. C’était mon post-it, éclaboussé, comme tout le bloc dont il était issu, par mon café. C’était mon écriture. La pensée devait donc être aussi la mienne. Mais elle me demeurait impénétrable. Etrangère. Impossible de savoir ce que j’avais voulu dire, et pourquoi ces mots méritaient leur place auprès des premiers cheveux de mon enfant.
J’ai ouvert l’enquête. Ouvrir l’enquête a consisté à taper dans une