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Libération
Chronique «Nager vers soi» (2/4)

Comment la natation a soigné mon angoisse, par Colombe Schneck

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L’histoire ne dit pas si l’autrice s’est fait larguer par le nageur mais rupture il y a eu. Face à l’effondrement, une solution : enchaîner les longueurs.
«Aida», de Karine Laval. (Karine Laval)
par Colombe Schneck, Journaliste et autrice
publié le 24 juillet 2023 à 19h38

J’ai commencé à aller à la piscine trois fois par semaine, je comptais mes allers-retours pour aligner un kilomètre. Dans un bassin de 25 mètres, c’est 40 longueurs, je nageais de la brasse, du dos crawlé, du crawl. Je n’ai pas réfléchi, je ne me suis pas dit un jour, je vais aller nager trois fois par semaine, et à chaque fois je nagerai un kilomètre, donc 40 longueurs et cela me fera du bien, cela lissera la peau de mes cuisses, cela me fera maigrir, c’est bien de faire du sport, c’est bon pour la santé. Ce n’était pas une bonne résolution, c’est mon corps qui m’a menée. Je venais de me faire larguer, et c’était la seule activité que je pouvais faire sans volonté et sans pleurer.

Mon corps se levait de son canapé, il attrapait un sac, cherchait un maillot et une serviette, montait sur un vélo, se déshabillait, et se glissait dans cette eau moyennement chaude et avançait comme il le pouvait, la seule action de mon cerveau était de compter ces 40 longueurs, qui sont devenues 20 allers-retours. Je me suis dit, c’était alors la seule réflexion que je m’autorisais, que 20 serait moins long que 40.

Un après-midi, j’ai eu une crampe à la cheville, et je suis allée voir Fanny, la monitrice qui surveillait nos longueurs. Elle m’a conseillé de m’étirer et de boire un verre d’eau. Elle a