Si seulement on pouvait convoquer le silence. Faire taire les fous. Réclamer un droit à la décence. Convoquer le silence, on en rêverait. Une minute suffirait. Depuis samedi 7 octobre, date à laquelle les terroristes du Hamas ont versé le sang en Israël, notre monde a perdu toutes ses nuances. Nous, à qui rien n’est arrivé, nous qui commentons l’horreur de loin et sans avoir à l’endurer. Nous les chanceux, nous que la guerre et la barbarie épargnent. Dans notre monde bichromatique, des voix s’élèvent sans distinction d’indignité, on s’invective, on hurle, on menace, on somme son voisin de choisir son camp, tous soumis à la tyrannie du pour et du contre, et malheur à celui dont le cœur ne palpiterait pas à l’unisson de tous les autres.
Je ne parle pas ici de la classe politique, mais du quidam, de vous, de nous. On sait bien que, quel que soit le parti auquel il appartient, l’animal politique saura toujours tirer profit de n’importe quelle situation. De n’importe quel drame. La récup’, c’est dans sa nature. Il suffit qu’il en ait l’occasion. D’ailleurs, l’obscénité des extrêmes a déjà entamé sa partition puisque d’un côté, on refuse de nommer les assassins, et de l’autre, on s’offre une virginité, les voilà blanchis, la belle aubaine, délestés de leur ADN antisémite, à nouveau puceaux de l’histoire. Voyez, il n’y